Quelques machines célibataires

Notes de Jean-Jacques Palix pour “Suppléments aux machines célibataires” au Théâtre Berthelot de Montreuil, le 9 décembre 2016

Vidéo (par Mariette Auvray)

Palix sur Beyond the Coda

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”Marie Meluck Blanville” Achim d’Arnim (1811)

publié dans le recueil ”Contes bizarres”

”Marie Meluck Blainville” est une musulmane décidée à rejoindre l’église chrétienne. Versée dans les arts dramatiques, elle parvient à séduire le comte Saintrée, malgré l’attachement de ce dernier à la belle Mathilde, sa fiancée, dont on l’a éloigné de force. Il cherche à rompre en apprenant l’arrivée en ville de Mathilde mais Meluck se venge lors d’une représentation à laquelle assistent son amant et sa rivale. Le costume porté par Saintrée qu’il avait refusé de rendre lors de leur première rencontre va demeurer sur un mannequin où il l’avait posé; Meluck va s’en servir pour tenir en son pouvoir le comte. ”L’habit du comte de Saintrée devient un objet‑fétiche‑mannequin à valeur mémorielle et symbolique, puisqu’il porte la trace des larmes de sa bien‑aimée. Sa capacité magique de dédoubler la personne, comme si elle était un automate, renvoie au thѐme du double qui traverse la littérature universelle et qui, à l’époque romantique, s’épanouit, grâce à son aspect magique, étrange, inquiétant.”

La menace que Marie Meluck Blainville fait peser sur la vie de Saintrée lui permet finalement de partager la vie du couple et un bonheur relatif s’installe entre les trois protagonistes: Saintrée, Mathilde et Meluck.

Mais, bien sûr, l’histoire finira mal puisque le mannequin et son costume qu’il endosse finira par tuer Saintrée lui-même.

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”Frankenstein”  Mary Shelley  (1831)

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”Le Joueur d’échecs de Maelzel”  Edgar Allan Poe (1836)

Un mystérieux automate habillé à la turque parvient à tromper ses adversaires lors de tournois d’échecs organisés par son propriétaire. Jouant sur une table éclairée à la bougie, cette “pure machine” ne perd quasi jamais. Le joueur d’échecs a plus que tout autre automate emporté l’admiration du public du XIXe siècle.

Prompt au scepticisme, loin de se laisser berner par quelque pouvoir magique attribué à l’étrange machine, Poe s’attache à en disséquer la mystérieuse mécanique. Il tranche, démontre que ce joueur d’échecs ne peut être autre qu’un homme savamment déguisé. Ce faisant, le lecteur pénètre dans toutes les arcanes de la mécanique, perce au fil de la lecture le secret de ces rouages fabuleux, qui l’avaient d’abord abusé.

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”Le château des Carpathes”  Jules Verne  (1882)

Deux personnages, amoureux rivaux de la même chanteuse lyrique, ”la Stilla”.

Dans le château de Rodolphe de Gortz, Franz de Tèlek entend et voit la Stilla chanter. Il est fait prisonnier par Rodolphe de Gortz mais réussit à s’échapper et retrouve son rival en compagnie de la Stilla. Mais lorsqu’il se précipite vers elle, Rodolphe de Gortz la poignarde et la cantatrice vole en éclats. Orfanik, savant fou complice de Rodolphe fait exploser le château et son maître aussi. En fouillant dans les décombres, on retrouve Franz de Télek rendu fou par l’explosion.

L’épilogue de l’histoire élucide le mystère : Orfanik, l’inventeur maudit et excentrique de Rodolphe de Gortz avait mis au point un système qui permettait à Rodolphe de Gortz de projeter sur un miroir un portrait en pied de la Stilla tout en diffusant sa voix qu’il avait enregistrée sur des rouleaux à l’occasion des dernières représentations de la chanteuse.

”Au moyen de glaces inclinées suivant un certain angle calculé par Orfanik, lorsqu’un foyer puissant éclairait ce portrait placé devant un miroir, la Stilla apparaissait, par réflexion, aussi « réelle » que lorsqu’elle était pleine de vie et dans toute la splendeur de sa beauté.”

Le dispositif utilisé par Rodolphe de Gortz, évoque une sorte de télévision ou de ”cinéma en relief” ou une ”préfiguration des hologrammes”.

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”Le puit et le pendule” Allan Edgar Poe (1884)

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”L’Eve future” Villiers de l’Isle-Adam  (1886)

Le jeune Lord Ewald tombe amoureux d’une femme très belle mais très sotte. Afin de remplacer cette femme dans le cœur du jeune homme, l’ingénieur Edison fabrique de toutes pièces un androïde féminin (une andréide?) qui ressemble physiquement à son modèle humain, mais qui lui est spirituellement bien supérieure.

L’Ève Future est un des chef-d’oeuvre de l’époque symboliste.

Villiers est le plus grand conteur fantastique français. La donnée est fantastique puisqu’il s’agit de créer une femme artificielle, qui évite les inconvénients des femmes réelles. Ce livre traite de l’amour impossible, pour une femme qui n’existe pas.

Un roman qui se termine sur le frisson du créateur de l’automate. Edison, face au silence glacé, à  ”l’inconcevable mystère” des cieux ; un roman proche du mythe de Faust autant que de Jules Verne, par l’anticipation scientifique ; un ouvrage philosophique parce qu’il médite sur l’être et le paraître.

Inspiré de ”L’Eve future” : Hadaly, le robot féminin du film de Fritz Lang  ”Métropolis”

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”La Machine à explorer le temps”  Wells  (1895)

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Gestes et opinions du docteur Faustroll, pataphysicien”  (1898, publié en 1911)

pour ”l’au-delà de la mort”

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”Le Surmâle” Alfred Jarry  (1902)

Paru en 1902, ”Le Surmâle” est le livre des records:

– cycliste, tout d’abord, avec la course des Dix-Mille milles qui voit la victoire du Surmâle sur une quintuplée montée par 5 champions qui vont trouver la mort, contre une locomotive lancée à près de 400 km heure à travers la Sibérie ; le tout grâce à un  chimiste de renom, William Elson, qui fait alors intervenir l’une de ses inventions, la ”perpetual-motion food ” qui, permettrait la regénération des muscles pendant l’effort.

– sexuel ensuite avec le personnage d’André Marcueil qui effectue 70 coïts en 24 heures, devant témoin, avec la ”machine à inspirer l’amour”.

On retrouve là la thématique de Sade et la proximité entre l’Éros et le Thanatos, entre d’autres termes, la thématique de la mort dans l’acte sexuel lorsque sont découverts des cadavres de femmes à qui il a été fait l’amour.

Le manuscrit commence par ces mots de Marcueil : ”l’amour est un acte sans importance puisqu’on peut le faire indéfiniment”.

Une postface du Surmâle d’Alfred Jarry par Annie Lebrun en 1990 :

« Je m’interroge sur le fonctionnement à sens unique d’une pensée sur l’amour, censée rendre pourtant compte des mouvements de l’un et de l’autre et qui, du coup, au lieu de se développer en moyen de connaissance, se fige en système de représentation. Et je comprends mieux l’incroyable fortune du mythe des « machines célibataires » qui, sous des allusions modernistes et antilyriques, sans avoir la rigueur de Duchamp, continuent de camoufler ce qu’il faut bien appeler une carence de la pensée occidentale. À l’opposé, seul, il y a Jarry avec la bouleversante proposition du Surmâle où, pour la première fois, l’homme et la femme paraissent aller également (et je me garde bien de dire ensemble) au-devant de leur énigme.” 

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”La Maison au bord du monde”  William Hope Hodgson (1908)

assauts de créatures monstrueuses porcines, puis fuite dans l’espace temps

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”Le docteur Lerne”  Maurice Renard  (1908)

Dans la lignée de ”Frankenstein” et de ”l’île du Docteur Moreau” (H.G.Wells) , une histoire d’un ombrageux chirurgien fou qui procède à une greffe sur le narrateur lui-même

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”Impressions d’Afrique”  Raymond Roussel (1910)

Description de Michel Leiris :

”Le sujet du roman est très simple: le paquebot LYNCÉE fait naufrage sur les côtes de l’Afrique tropicale; accueillis généreusement par le souverain du pays alors en lutte contre une tribu ennemie, les passagers, parmi lesquels se trouvent les membres d’une grande troupe de phénomènes genre Barnum, préparent une série d’attractions pour les fêtes du couronnement, qui aura lieu lorsque l’empereur du PONUKÉLÉ, leur hôte, aura annexé le royaume du DRELSHKAFF son rival…”

spectacle intitulé ”Le gala des incomparables” au lendemain duquel les naufragés seront libérés…

“… On verra le souverain Talou VII revêtu d’un manteau de gala représentant une carte d’Afrique, présider la cérémonie du sacre qui se déroule sur la grande place de sa capitale, EJUR, entourée pour la circonstance de palissades dont chaque pieu supporte une tête coupée. Auparavant, le spectateur aura assisté aux répétitions de tous les numéros préparés par les passagers, à l’exhibition de tous les phénomènes, ainsi qu’à quelques intrigues de cour et différents supplices, d’une cruauté plus que raffinée, infligés à une poignée de traîtres.

Parmi les inventions présentées, figure la fameuse ”statue de baleines de corset roulant sur des rails en moue de veau” … et celle qui consiste à graver au fer rouge sur la plante des pieds d’un faussaire, le texte du document incriminé…”

Dans le texte, le récit du gala précède la présentation des personnages, le naufrage, la capture et les explications des numéros qui dans un premier temps apparaissent comme extraordinaires. D’ailleurs, Raymond Roussel indiquait qu’il fallait lire le roman à partir de la page 147, soit la seconde partie avant la première.

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Série de ”Tableaux Métaphysiques”  Giorgio de Chirico” (1911)

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”La Métamorphose”  Franz Kafka (1912)

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”La Colonie Pénitentiaire”  Franz Kafka  (1914)

influencé par le célèbre roman d’Octave Mirbeau ”Le Jardin des supplices” (1899)

Ce récit de Franz Kafka date de 1914. Comme dans plusieurs autres ouvrages comme ”Le procès” et ”La métamorphose”, Kafka met en scène les questions de justice, de condamnation et d’exécution.

Ici, il s’agit de la machine de “la Colonie Pénitentiaire” qui est là pour inscrire la sentence  à même la chair du détenu condamné. La Loi est exécutée machiniquement par l’Appareil comme si la machine était reliée directement à la Loi.

L’appareil est manipulé par un officier de l’île. Le but est d’inscrire dans la chair le motif de la punition et après un spectacle sanglant, l’accusé meurt finalement. L’officier est un défenseur de l’appareil, malgré le nombre croissant de détracteurs, dont le nouveau commandant. Il espère que le voyageur/narrateur sera impressionné par la machine et y sera favorable, ce qui ne sera pas du tout le cas. Quand l’officier remarque qu’il ne pourra pas convaincre son visiteur de l’efficience de cette machine, il libère le condamné et prend sa place après quelques réarrangements. L’appareil se met en route et semble se soulever et s’accélérer. Le décès intervient beaucoup plus vite que d’ordinaire, l’appareil se détruit de lui-même

La torture est ici l’œuvre de la machine rendant la cruauté humaine totalement impersonnelle, effaçant même la conscience de toute culpabilité chez le tortionnaire. Le récit est destiné à décrire la machine et son mécanisme sans porter de jugement, comme un froid constat des faits.

Kafka avait lu des articles de journal et des récits contemporains évoquant différentes colonies pénitentiaires tenues par des puissances européennes : il s’agissait bien d’inscrire de force une Loi supérieure, en l’occurrence le jugement rendu par une cour de justice, dans la chair des détenus.

Que ce soit dans ”La Métamorphose” ou dans ”Dans la Colonie Pénitentiaire”, les monstres ne sont pas ceux qui en ont l’apparence (un insecte géant, pour l’un, un prisonnier, pour l’autre). Les vrais monstres n’apparaissent que quand la vie quotidienne est bouleversée par un événement inattendu (un humain se transforme en coléoptère; un officier et sa machine, qui ne font qu’un, devront s’arrêter d’infliger des punitions).

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”Locus Solus” Raymond Roussel (1914)

Locus Solus, c’est le nom de la vaste propriété de Montmorency où Martial Canterel, savant génial et fou, dévoile à quelques visiteurs ses inventions étonnantes : une mosaïque de dents représentant un reître inspiré d’une légende scandinave ; une cage en verre renfermant des cadavres ramenés à la vie grâce à une injection de ”résurrectine” ; un diamant géant rempli d’une eau éblouissante et habité par une danseuse-ondine ; un dispositif animant les nerfs faciaux de la tête de Danton… Au gré de cette exposition drôle et dérangeante, la mort et la folie envahissent le livre : de dépeçages en danses macabres, le parc de Canterel se fait peu à peu jardin des supplices. Dans ce roman paru en 1914 et qui fut son dernier (roman), Roussel, conteur hors pair, atteint l’apogée de son art : l’univers fantasmagorique dans lequel il nous entraîne, sous sa gratuité apparente, laisse entrevoir le reflet inquiétant de la réalité. Selon Robert Desnos, l’un des premiers à avoir saisi la singularité de ce texte : ”Aucune oeuvre n’a de dimensions plus grandes, de panorama plus vaste sur l’univers.”

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”La mariée mise à nu par ses célibataires, même”  Marcel Duchamp  (1915 / 1923)

Duchamp explique que cette composition doit beaucoup au poème ”Impressions d’Afrique” (1910) de Raymond Roussel. Il évoque aussi l’influence du ”Voyage au pays de la quatrième dimension” (1912) de Gaston de Pawlowski: ”J’avais à ce moment-là essayé de lire des choses de ce Povolowski (sic) qui expliquait les mesures, les lignes droites, les courbes, etc. Cela travaillait dans ma tête quand je travaillais bien que je n’aie presque pas mis de calculs dans ”Le Grand Verre”. Simplement, j’ai pensé à l’idée d’une projection, d’une quatrième dimension invisible puisqu’on ne peut pas la voir avec ses yeux…”

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”Le Roi Lune”  Guillaume Apollinaire (1916)

Dans une caverne des Alpes Bavaroises, le Roi-Lune, c’est à dire Louis II de Bavière, règne sur un monde souterrain fantastique, vivant éternel au-delà de la mort. Là des machines complexes permettent à une bande de débauchés d’avoir des relations sexuelles avec des corps surgis du passé : relations virtuelles avant l’heure.

”Cette machine avait pour fonction : d’une part, d’abstraire du temps une certaine portion de l’espace et de s’y fixer à un certain moment et pour quelques minutes seulement, car l’appareil n’était pas très puissant ; d’autre part, de rendre visible et tangible à qui ceignait la courroie la portion du temps ressuscitée.

C’est ainsi que je pouvais regarder, palper, besogner en un mot (non sans quelque difficulté) le corps qui se trouvait à ma portée, tandis que ce corps n’avait aucune idée de ma présence, n’ayant lui-même aucune réalité actuelle.

Les appareils qui se trouvaient là avaient dû être fixés à grands frais, car la patience seule pouvait faire rencontrer dans le passé, à l’inventeur, ces personnages voluptueux en plein pouvoir de volupté, et bien des tâtonnements devaient être nécessaires, bien des cylindres n’avaient dû rencontrer que des personnages peu importants dans toute autre action que celle de faire l’amour.

J’imagine que l’étude approfondie de l’histoire, surtout de la chronologie, devait être indispensable aux constructeurs. Ils fixaient leur appareil sur l’emplacement où ils savaient qu’à telle date tel personnage féminin avait couché et mettant la mécanique en marche lui faisaient atteindre la date et l’heure exacte où ils pensaient pouvoir rencontrer le sujet dans l’attitude convenable.”

C’est aussi dans cette nouvelle qu’Apollinaire imagine que la captation de sons recueillis simultanément dans de nombreuses villes étrangères formerait une « symphonie du monde »:

« Le Roi-lune] était assis devant un clavier sur une touche duquel il appuya d’un air las et elle resta enfoncée, tandis qu’il sortait d’un des pavillons une rumeur étrange et continue dont je ne distinguai d’abord pas le sens. […]

Les microphones perfectionnés que le roi avait à sa disposition étaient réglés de façon à apporter dans ce souterrain les bruits les plus lointains de la vie terrestre. Chaque touche actionnait un microphone réglé pour telle ou telle distance. Maintenant, c’était les rumeurs d’un paysage japonais. […] Puis, d’une autre touche abaissée, nous fûmes transportés en pleine matinée, le roi salua le labeur socialiste de la Nouvelle-Zélande, j’entendis le sifflement des geysers […]

[…] Doum, doum, boum, doum, doum, boum, doum, doum, boum, c’est Pékin, les gongs et les tambours des rondes.

[…] Les doigts du roi coururent sur les touches, au hasard, faisant s’éle­ver, simultanément en quelque sorte, toutes les rumeurs de ce monde dont nous venions, immobiles, de faire le tour auriculaire».

Plus d’informations et lien vers le texte intégral

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”Le Point cardinal” de Michel Leiris  (1927)  

Un texte sur la ”résurrection” comme une ”révélation”.

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”L’invention de Morel” de Adolfo Bioy Casares  (1940)

Recherché par la police, Luis se réfugie sur une île déserte. Il est bientôt rejoint par d’étranges visiteurs qui semblent ne pas le voir. Il prend d’abord cette attitude pour de l’indifférence, avant de réaliser qu’ils évoluent en quelque sorte dans un univers parallèle. Luis se sent comme un fantôme. Morel, le maître des lieux, est accompagné de la belle Faustine. Luis tombe amoureux de la jeune femme avec qui il ne peut pas entrer en contact… C’est la marée qui semble ré-activer pour l’éternité une action entre des personnages sortis de nulle part, personnages inaccessibles, comme dans un monde parallèle, parmi lesquels Faustine dont Luis est tombé amoureux.

Une machine, célibataire, imaginée et construite par Morel semble régir ce cycle éternel.

Bioy Casares donne sa vision de l’immortalité et elle passe pour lui par l’éternel recommencement d’un moment heureux.

A noter aussi le film éponyme d’Emiddio Greco (1974) – musique Nicola Piovani

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”L’année dernière à Marienbad”  un scénario d’Alain Robbe-Grillet  (1961)

inspiré de ”L’invention de Morel”, pour le film de Alain Resnais avec Delphine Seyrig

Le film décrit le rêve d’un homme qui aime une femme inaccessible. Il vient la chercher. Mais le rêve est aussi cauchemar : la femme ne se souvient plus de lui. Il essaie de l’atteindre. Lorsqu’il croit l’avoir fait, elle s’est déplacée sur une autre pointe du temps, un autre souvenir : il faut la convaincre à nouveau. De nouveaux cauchemars se dressent devant lui : est-il sûr que c’est elle qu’il aime ? Est-il sûr de l’avoir rencontré ? Mais oui, c’est bien elle qu’il aime. Il l’emporte dans sa nuit. Fin du rêve, avant celui de demain.

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”Barbarella”  un film de Roger Vadim (1968)

Barbarella entre les mains du savant Durand Durand est installée dans une machine censée la faire mourir d’un plaisir orgasmique. Elle s’en tire sans trop de dommages au grand dépit du savant fou.

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”Rotozaza n°1”  une méta—sculpture de Jean Tinguely  (1967)

sculpture en métal, bois, moteurs et ballons

machine sonore peinte en noir qui est en mouvement jette des ballons que le public lui réintroduit dans sa trompe.

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”Le Dépeupleur” de Samuel Beckett (circa 1950)

sur l’idée du cycle et de la disparition, comme une figure à l’inverse de la résurrection, thème cher à Roussel…

une véritable machine littéraire par  la perfection du texte auto-destructeur qui détruit sa propre cybernétique…

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”La foire aux atrocités” de J. G. Ballard (1970)

Le thème de l’histoire consiste en une description du paysage médiatique et culturel qui envahit et brise l’esprit de l’individu. Souffrant de maux de tête, le protagoniste, médecin déboussolé dans un hôpital psychiatrique, s’attelle à des expériences diverses basées sur la matière visuelle de la culture médiatique qui l’entoure : le suicide de Marilyn Monroe, la bombe d’Hiroshima, l’assassinat de John F. Kennedy, les encastrements de voitures de luxe

– Une chanson de Joy Division reprend le titre anglais du roman, ”Atrocity Exhibition” sur l’album ”Closer”.

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”La machine de Balmer” de Claude Veillot (1978)

Le milliardaire Silas Balmer, avec l’aide du Dr de Kowa, crée des androïdes à l’image de personnes qu’il a connu et dont il rêve à toutes fins de reproduire des scènes déjà vécues dans le passé et lui permettant, à l’aide du chronoscaphe, de revivre en pensée des heures heureuses. Citant l’existence de Martial Canterel et sa machine à résurrectine, l’amour fou que Mathias, le héros, voue à Cassandra évoque irrémédiablement celui que le narrateur de ”L’invention de Morel” éprouve pour Faustine.

 

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